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Le Bazar de la charité en flammes

Paris, le 4 mai 1897. Dans la capitale française, on organise le prochain Bazar, où des dames de la haute société, certaines accompagnées de messieurs, viennent vendre différents objets. Les fonds récoltés pendant le Bazar seront destinés aux pauvres.

Cet événement de charité se tient depuis 1885 rue Faubourg Saint- Honoré, mais en 1897, il est transferé dans un bâtiment rue Jean Goujon.

Pour le Bazar de l’année 1897, on fait bâtir un abri de bois qui s’étire sur 1 000 m2. On reconstruit aussi une route du Moyen Age, longue de 80 m. Et cette année, une attraction supplémentaire sera ajoutée au Bazar, une séance de cinéma réalisée avec la découverte magique des frères Lumière, faite en 1895 : le cinématographe, l’appareil qui permet la prise de vues et la projection de films. Il fonctionne avec une lampe à éther, un liquide hautement inflammable. Pour l’occasion, on fait une salle de cinéma, „fermée“ par des rideaux épais et équipée avec des chaises.

La Presse écrit : „Vers 16h 30 se produit l’incident fatal : la lampe de projection du cinématographe épuise sa réserve d’éther et elle doit être remplie à nouveau. Monsieur Belac, le projectionniste, demande à son assistant Gregoire Bagrachov d’allumer une allumette, mais l’appareil est mal isolé, et les vapeurs d’éther s’enflamment“.

Les flammes embrasent les rideaux, le plafond, l’incendie se propage à une vitesse fulgurante. Bientôt le feu embrase les objets mis en vente : meubles, étoffes, paniers… Les braises tombent de partout, elles brûlent corps et vêtements. En quelques minutes, le Bazar de la charité se transforme en « four », où règnent panique, peur et cris. Il y a seulement deux sorties avec des escaliers, qui mènent vers l’unique entrée. Une porte tournante se trouve à l’entrée. Ses ailes ont une rotation orientée vers l’intérieur du bâtiment… une difficulté supplémentaire pour les personnes qui se basculent, frappent et piétinent.

Les pompiers qui arrivent, essaient d’étouffer le feu, en vain… 15 min. après le début de l’incendie, du Bazar, il ne reste rien. Le drame ôte la vie à 125 personnes, dont 118 femmes et seulement 7 hommes. Le nombre de blessés se monte à plus de 250. Paris est choqué, la France déclare le deuil national. Pour beaucoup, cet événement tragique annonce la fin du cinéma. Mais les frères Lumière améliorent leur appareil et les bandes de projections.

Entre les femmes décédées, il y a celles qui appartiennent à la haute société, comme la duchesse d’Alençon, présidente d’honneur de la Charité et soeur de l’impératrice d’Autriche, Sissi. Mais aussi des femmes du peuple, venues chercher de l’aide et de la protection au Bazar.

Les femmes, rescapées des flammes, racontent que la majorité des messieurs de la haute société n’ont pas hésiter à les frapper et à les bousculer afin de trouver la sortie et de sauver leur peau. Les vrais héros sont les hommes du peuple, comme les cuisiniers d’un hôtel à proximité et des passants, qui n’ont pas hésité à venir à leur aide.

Une grande partie des critiques est adressée aux organisateurs du Bazar car ils n’ont prévu aucun plan d’évacuation ni aucun équipement adapté en cas d’incendie. A ce malheur contribuent aussi la panique, ainsi que les toilettes volumineuses des dames, les énormes chapeaux et perruques.

Cet incident tragique, unique en son genre, change les décisions et les mesures de securité concernant les incendies. La science « odontologie » qui identifie les corps carbonisés d’après les dents, débute à partir de cet événement, le 4 mai 1897.

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