Une étonnante Croisade… des Enfants

C’est le temps des croisades, ces expéditions militaires organisées par le Vieux continent chrétien entre 1096 et 1291. A cette époque médiévale un élan mystique et chevaleresque enflamme les coeurs de tous qui sont prêts à délivrer les Lieux saints de Palestine, occupés par les infidèles. Un idéal chrétien, pour lequel les fidèles n’hésitent pas à donner leur vie…
On est en 1212, en France. C’est une année tourmentée et éprouvante. Un énorme nuage de grenouilles, de poissons, de papillons et d’oiseaux se dirigent du côté de la mer. Est- ce un signe divin destiné aux fidèles pour leur montrer qu’il est temps de prendre la route vers la Terre sainte ? Est- ce une punition de Dieu contre ceux qui ne croient pas en Lui?
Au mois de juin, le jeune berger Etienne âgé de 12 ans qui habite à Cloyes, non loin de Vendôme, a une vision. Dieu se manifeste devant lui sous l’apparition d’un pèlerin et lui demande de reconquérir la Terre sainte et de délivrer le Saint- Sépulcre. Pénétré de sa mission, Étienne parcourt le pays et appelle à la croisade. Bientôt, on commence a chuchoter que le jeune berger fait des miracles sur sa route. Et nombreux d’autres bergers le rejoignent. La mission divine, les miracles qu’Etienne accomplit, la foi et l’espoir de libérer la Terre sainte, attirent d’autres enfants de douze à treize ans. Un chroniqueur note qu’il y a près de 30 000 enfants ! Des jeunes nobles qui veulent briser les réticences du clergé et celles des parents conservateurs rejoignent la procession. C’est une veritable armée qui se forme. Mais à la place des armes, on porte des croix et des bannières. Étienne se trouve sur une charrette décorée, escortée par des nobles. Dans les rangs de la procession, il y a aussi des adultes : paysans, marchands, aventuriers, prêtres, femmes et jeunes filles. Et lorsqu’on leur demande où ils vont, ils répondent : „Vers Dieu!“ …
Ainsi la procession atteint le port de Marseille. Ici, deux armateurs, Hugues Ferry et Guillaume de Porquères, proposent leurs services. Ils sont prêt à transporter les croyants en Syrie sans être payer pour ça. C’est un geste „pour la gloire de Dieu“ . Les voyageurs sont entassés dans sept bateaux. Deux sombrent près des côtes de Sardaigne. Les bateaux restants se dirigent vers Alexandrie. Mais ici les deux complices exécutent leur veritable plan : de vendre les enfants sur les marchés d’esclaves…
Cette aventure au nom de la foi et de l’amour pour Dieu, reste dans l’histoire comme „La croisade des Enfants“. Des recherches récentes ont mis en doute l’authentité de cet événement. On a retrouvé la trace d’une semblable histoire à la même date, conduite depuis l’Allemagne, par un certain Nicolas. Le mot latin pueri employé par les chroniqueurs est traduit par enfants, mais il semble désigner une catégorie sociale : les pauvres, les exclus de la société et ceux qui sont déshérités.
La Croisade des Enfants qui a regroupé des milliers de jeunes pèlerins français et allemands, pour la plupart des bergers, fut décimée avant d’atteindre la Terre sainte. A cause de la famine, la longue route, les maladies, les épreuves, la procession n’a pas cessé de se rétrécir comme une peau de chagrin. Mais elle reste le symbole d’un idéal chrétien en quête de la vrai foi, de la pureté de l’âme et du corps, de l’espoir de trouver une meilleure vie et un monde meilleur.



