Les jardins du Roi
En 1661, le roi de France, Louis XIV, est invité à une grande fête, organisée par son ministre Fouquet dans le château, qu’il se fait bâtir : Vaux- le- Vicomte. Edifié entre 1657 et 1661, le château est situé près de Meulin, en Ile- de- France. Le ministre avait confié sa construction au grand architecte français et décorateur Louis Le Vau, et l’ornamentation de son intérieur à Charles Le Brun, peintre respecté, portant le titre de « Premier peintre du Roi ». Et pour la création des parcs et des allées, qui entourent Vau- le- Vicomte, Fouquet avait engagé le célèbre concepteur français de jardins André Le Nôtre.
Le roi arrive à la fête, accompagné de la cour. Il voit l’énorme château avec sa belle façade et son intérieur, richement décoré. Il contemple le magnifique jardin de la propriété, qui inspire calme, harmonie et fraîcheur à chacun, se promenant dans ses allées.
Le Roi- Soleil est impressionné… et perplexe. Comment un sujet de sa Majesté se permet un tel luxe ? Comment ose-t-on rivaliser avec le roi de France! En plus, le souverain avait confié à Fouquet le ministère des Finances! La fierté de Louis XIV est touchée… et il ordonne l’arrestation de Fouquet. En même temps il confisque le personnel du malheureux ministre, qui va désormais travailler à Versailles car le roi prévoit la construction d’un château plus beau et majestueux, ainsi que la création de parcs et de jardins autour.
Ainsi, André Le Nôtre transforme les marécages, les sables mouvants et la végétation sauvage, qui entouraient jusqu’à présent le château de Versailles, en magnifiques jardins avec des bassins, des allées, des fontaines, des bosquets, des terrasses et des parterres.
Fils et petit- fils dans la famille des jardiniers, en service dans la cour royale, André Le Nôtre (1630- 1700) aime dessiner. Le roi remarque son talent et en 1645 il lui confie le poste de jardinier. Ainsi, le jeune André réalise les croquis pour les jardins à Versailles.
Au debut, Versailles était le rendez- vous de chasse des rois français, avec un petit bâtiment, caché dans les forêts denses. Louis XIV transforme la nature sauvage en l’endroit, que nous connaissons aujourd’hui, le château de Versailles et ses jardins.
Les jardins du Roi deviennent un vrai « bijou » végétal, qu’on vient admirer de toutes les cours européennes. Spécialiste de la perspective, Le Nôtre est le père du jardin « à la française ». Pour lui, l’architecture d’un bâtiment et la nature autour de lui doivent se compléter, doivent être en harmonie et former un ensemble de verdure, perspective et décoration. Et les bassins, oû l’eau reflète comme dans un miroir, les fontaines, décorées avec de belles sculptures et les bosquets, parsemés dans le jardin du Roi, donnent au complexe une nuance supplémentaire de fantaisie et de mystère.
Dans la terrasse du Midi, s’épanouissent des tulipes, du jasmin, des oeillets. Le végétal est planté d’après une technique, appelée « broderie » : les fleurs sur les terrasses sont semées de telle façon, qu’elles forment des figures, qui ressemblent aux « dentelles brodées ». On doit cette technique de jardinage à Le Nôtre. En 1662, il prend le poste de « Directeur des Jardins du Roi ».
En 1665, Le Nôtre réalise les croquis pour le Labyrinthe de Versailles, qui a pour rôle d’éduquer les jeunes aristocrates de la cour : dans sa végétation sont « disimulées » 39 fables, symbolisées par des fontaines et des sculptures d’animaux (rossignol, singe, coq, paon, et renard). Mais à cause de son entretien très compliqué, le Labyrinthe est détruit en 1778.
Dans l’Orangerie du Roi poussent 3 000 orangers et citronniers.Diverses plantes, fleurs parfumées en pots, de nombreuses fontaines et des statues forment les allées du complexe à Versailles. Les bosquets sont organisés de manière synchronisée avec les autres éléments décoratifs et végétaux.
Après son retour d’Italie, Le Nôtre ajoute dans les parcs royaux encore des terrasses avec des plantes, réalisées en parfaite symétrie. Pendant 30 ans, l’architecte talentueux modifie les allées, change les fontaines, ajoute des parterres, donne des formes de couronnes aux arbustres et aux haies, en respectant les envies du Roi. Grand amateur de nature, Louis XIV ne manquait pas un jour, pour se promener dans son jardin magnifique et sans donner des conseils aux jardiniers.
L’Allée royale mène jusqu’au plus grand bassin du parc de Versailles. Construit en 12 ans, de 1667 à 1679, il a la forme d’une croix. Pour ne pas gaspiller de l’eau, les fontaines ne fonctionnent pas tout le temps. Elles sont activées seulement quand le Roi passe à leur proximité. L’eau nécessaire est puisée dans des étangs, des cours d’eau et la Seine.
A l’époque, il n’existe aucun système de pompage de l’eau. Elle devait être ramener à une certaine hauteur, pour qu’elle puisse suivre la loi de la gravité et ainsi retomber. Plus haut un reservoir d’eau est placé, plus forte est la pression et plus haut le jet est projeté.
L’un des bassins du complexe de Versailles est dédié à Apollon, le Dieu- Lumière pour Louis XIV. L’endroit est décoré avec une belle statue de cette divinité.
Dans un autre énorme bassin, le Bassin de l’Encelade, se trouve la statue de ce géant de la mythologie grecque. Selon la légende, il est enterré sous le volcan Etna et est responsable de ses éruptions. La statue de l’Encelade est sculptée jusqu’au torse, en donnant l’impression que le géant surgit des énormes blocs de pierre, qui l’entourent. Sa bouche ouverte projette un jet d’eau, qui retombe de 25 m de hauteur.
Les canalisations du parc s’ouvrent et se referment à l’aide de clés de barrage, appelées « clés- lyre », qui ont la forme de « Y » comme celle de l’instrument musical. Et chaque clé porte le nom du bassin pour lequel elle est destinée. A côté de chaque fontaine se trouve son responsable. Et chaque responsable possède un sifflet, qu’il utilise pour prévenir ses collègues, quand Louis XIV se promène à proximité. Ainsi, une fontaine est activée seulement en présence du Roi.
Encore aujourd’hui, pour les ouvertures et les fermetures des canalisations d’eau dans les jardins du Roi à Versailles on emploie ces clés- lyre. Seulement les sifflets des travailleurs sont remplacés par des talkies- walkies.
A l’époque d’André Le Nôtre, le parc de Versailles compte 800 hectares, 200 000 arbres, 210 000 plantes, 2 500 jardiniers, 2 000 bassins et fontaines et 35 km de canalisations.
A présent, 350 000 arbres sont plantés dans le parc. Ici travaillent 50 jardiniers et les fontaines actives sont au nombre de 1 700.

