Histoire

L’art à se vêtir, partie 1

L’histoire de l’art à se vêtir commence avec celle de l’humanité. Des sources écrites, des artefacts et des fouilles archéologiques nous donnent une riche information concernant l’habillement de nos ancêtres et les matériaux qu’ils utilisaient pour fabriquer et façonner leurs vêtements. L’art ancien et l’art moderne sont les témoins de cette histoire : fresques, mosaïques, reliefs, peintures, sculptures, étoffes, littérature, bijoux, objets de toilette, racontent les styles et les modes de la tenue pendant les époques, les goûts et les préférences des peuples des différents continents.

Au début, les vêtements servaient à protéger le corps du froid, du soleil, de la pluie. Ils étaient très simples et basiques. Avec le temps, la tenue est devenue plus sophistiquée, plus confortable et plus adaptée aux besoins des gens. Elle peut démontrer l’appartenance de son propriétaire à un groupe, son statut dans la société ou le métier, qu’il exerce. Peu à peu, l’habillement est soumis aux critères bien précis : désir de plaire, de montrer sa richesse, sa situation sociale, sa croyance religieuse, sa profession.

Les hommes des périodes glaciaires portaient des peaux d’animaux. Pendant l’époque paléolithique, ils se servaient d’outils rudimentaires, comme des racloirs et des grattoirs faits d’une lame de silex pour trancher le cuir. Sous le néolithique, ils employaient des peignes en bois de cerf.

Au Proche- Orient, vers 10 000 av. J.- C., apparaît une branche de la culture mésolitique, le Natoufien, qui constitue la dernière phase des chasseurs. Grâce aux fouilles archéologiques, on sait que les Natoufiens enterraient leurs morts avec des bijoux, des parures et des boucles d’oreilles.

Vers 8 300 av. J.- C., en Italie, les hommes chassaient le sanglier, l’ours et ramassaient des crabes. Ils ensevelissaient leurs défunts avec des bijoux, faits de dents d’animaux. Les enfants décédés portaient des manteaux de queues d’écureuil.

Il y a environs 6 000 ans av. J.- C., en Suisse, les habitants cueillaient ou cultivaient le lin sauvage pour fabriquer des cordes, des filets et des vêtements.

Dans les régions à climat tempéré, les hommes étaient plus ornés, que vêtus. Les parures, les colliers, les bracelets, les boucles d’oreilles, les ceintures étaient faits de matériau, que la nature leurs offrait : pierre, coquillages, vertêbres de poissons, os, dents, pattes et griffes d’animaux.

Des fouilles archéologiques menées en Dordogne, en France, ont mis à jour le cousoir en os, qui servait à pousser l’aiguille pendant l’époque magdalénienne, entre 15 000 et 8 000 av. J.- C.

Témoins de la coiffure féminine de l’âge préhistorique, des figurines ont été trouvées en Moravie (République Thèque) dont la tête est couverte d’une sorte de toque.

Le temps a sauvegardé plusieurs exemples de vêtements de l’âge de bronze, une époque, qui apparaît environ au IIe millénaire av.J.- C. Le Musée national de Copenhague, au Danemark, possède un costume féminin, composé d’un jupon, d’un corsage à manche et d’une ceinture, trouvé dans la tombe d’Egtved et daté du bronze ancien. Dans le musée est exposée une veste de laine de Skrydstrub et de Borum Eshoj ou encore une tunique provenant de Trindjoj. Les deux artefacts sont datés du bronze ancien.

Une célèbre figurine en ivoire de mammouth, découverte en 1894, provient de la grotte de Brassempouy, région Aquitaine, en France. Elle représente une sorte de capuche : une chevelure tressée, qui semble enserrée dans une résille. L’artefact, nommé « La Vénus de Brassempouy » ou encore « La Dame à la capuche », a été datée du Gravettien.

En Sumer, Mésopotamie, les hommes portaient le pagne- jupon en kaunakès (le terme kaunakès désigne une forme). Le pagne- jupon sumerien était en fourrure ou en tissu à mèches. On peut voir ce vêtement sur Ebit II, intendant du roi de Mari. Il s’agit d’une statuette en albâtre du temple d’Ishtar, datée vers 2 400 av.J.- C. et exposée au Musée du Louvre, à Paris. D’autres artefacts montrent le costume féminin drapé en Sumer : les femmes portent par- dessus la robe en kaunakés, un manteau également en kaunakès, couvrant les épaules et les bras. Sur un bas- relief, appelé « la Fileuse », on voit une femme au travail, d’autres femmes et des enfants, et leur tenue. Le bas- relief de Suse, daté vers 1000- 540 av.J.- C., se trouve au Musée du Louvre, Paris.

Le long châle drapé de laine, en forme de robe feminine, représente l’une des plus anciennes pièces du vêtement sumérien, qui a inspiré le modèle classique de l’Inde.

Après le déclin de l’Empire Sumérien d’Ur, vers la fin du IIIe millénaire, Babylone devient le centre d’un nouvel empire mésopotamien, qui a atteint son apogée sous Hammourabi (1792 à 1750 av.J.- C.). Le costume masculin est composé d’une longue tunique avec d’étroites manches jusqu’au coude. Une écharpe à longues franges est entourée par- dessus recouvrant l’épaule droite. On porte aussi des sandales avec un anneau pour le passage du gros orteil. Les hommes ont des chevelures et des barbes frisées. Les femmes, comme les hommes, portaient aussi une longue tunique à manches courtes et une longue écharpe, qui retombait jusqu’en bas, du côté gauche. Les étoffes étaient également riches et lourdes. L’emploi du grand châle drapé était réservé au roi et aux dieux. Les hauts fonctionnaires de la cour portaient le châle plié en bande sur la tunique longue ou courte. Le grand vezir se différenciait par la longueur des franges.

La mode des vêtements épais, richement ornés et lourdement frangés, que les Sumériens affectionnaient, se développa en Babylonie et en Assyrie. A Babylone existaient des confréries de tisseurs de lin et de laine.

Un bas- relief en gypse de Ninive, daté du VIIe s. av.J.- C. et gardé au British Museum à Londres, montre Assurbanipal, le dernier grand roi d’Assyrie et la reine au banquet de la victoire. Les femmes, comme les hommes, portaient une longue tunique à manches courtes et un longue écharpe retombant jusqu’en bas.

Au IIIe millénaire, l’expansion maritime sur toute la côte d’Asie créa de nouveaux contacts commerciaux, donnant naissance à des styles innovants et originaux. La mode, la coiffure et les bijoux étaient influencés par le climat, les traditions vestimentaires et le goût des habitants d’un pays. Le contact avec des voisins proches ou lointains impactait la manière de se vêtir et le style local.

Ainsi, la tenue, la coiffure et les bijoux changeaient au fur et à mesure de ces contacts commerciaux et culturels, suivant le goût des gens et les tendances de la mode à un moment précis.

On peut admirer une « Statuette d’Aménophis IV et Nefertiti » de l’époque amarnienne, calcaire, XVIIIe dynastie, vers 1 570- 1 342 av.J.- C., au Musée du Louvre à Paris. Aménophis porte le pagne, vêtement traditionnel des hommes dans toutes les classes de la société. Nefertiti porte le haïk royal et des sandales retenues par une lanière passée entre les orteils.

En Crète, les femmes portaient la jupe à volants. A partir du Minoen moyen, de 1 750 à 1 580 av.J.- C., et sous le Minoen récent, de 1 580 à 1 450 av.J.- C. apparaissent de nombreuses pièces variées du costume cousu, utilisant de riches étoffes. Il y a des robes aux formes et garnitures diverses, des chapeaux, des corsets et des tabliers. La jupe prenait appuis à la taille et descendait jusqu’au sol. Elle est toujours serrée à la ceinture et collante aux hanches. Le corsage, ouvert par devant jusqu’à la taille soulignait la minceur de la taille. De cette période de tenues luxueuses et variées, existe un grand nombre de figurines « Déesses ». L’une des plus célèbres d’entre-elles, « La Déesse aux serpents » a été datée vers 1 600 av.J.- C.

Les Assyriens étaient de grands guerriers. Ce caractère s’est manifesté dans le costume militaire. Il existait un uniforme relative : tunique courte à franges, large ceinture, casque doublé de cuir.

On connait une loi assyrienne qui, vers 1 200 av. J.- C., ordonna aux femmes libres et aux femmes mariées de sortir voilées. C’est la plus ancienne mention connue de cette coutume, qui se perpétue aujourd’hui encore en Orient.

Une réplique d’un relief représente Hermès, Orthée et Eurydice. Elle a été datée du Ve s. av.J.- C. et se trouve au Musée du Louvre à Paris. On voit la tunique masculine, qui est un rectangle de lin, puis de laine, d’abord porté sans couture, puis cousu sur le côté, fixé sur les deux épaules et retenu à la taille par une double ceinture, soulignant le blousant de l’étoffe appelé kolpos. Orphée porte des guêtres et Hermès des bottines montant jusqu’aux genoux. Les deux hommes revêtent la chlamyde, manteau court attaché sur l’épaule droite et emprunté au costume militaire. Eurydice est habillée avec le peplos.

Importé d’Egypte, le lin de propagea ensuite en Syrie. Avant l’époque hellénistique, au IIIe siècle av.J.- C., le lin était un produit de luxe, réservé à la lingerie fine et aux vêtements des prêtres. Il se vendait sur le marché de Tyr, l’ancienne cité phénicienne florissante et l’un des principaux ports de la Méditerranée dans le monde Antique. La puissance commerciale des Phéniciens, et plus tard de Carthage, reposait sur la fabrication du verre, des objets d’orfèvrerie et surtout sur le célèbre pourpre de Tyr.

Les couleurs vives destinées aux vêtements, furent employées en Syrie, en Mésopotamie. A cette époque, l’industrie tinctoriale avait un rôle très important. On obtenait les tons bleus par l’usage du pastel et du lapis- lazuli, les jaunes avec le safran, les rouges avec la garance et le henné. La teinture rouge écarlate, obtenue avec la cochenille, était une couleur de luxe. Et le pourpre, produit phénicien par excellence, venait de Tyr.

On pense, qu’au début, les chimistes de Tyr se sont servis du suc extrait d’un coquillage (le Murex brandaris) utilisé aussi par les Grecs et les Crétois, dont on a trouvé de grands dépôts en Crète orientale. Mais cette matière marine exigeait une méthode de production très coûteuse, car chaque coquillage fournissait une quantité minuscule de suc. Le suc était d’un blanc laiteux au moment de l’extraction. La lumière le fait virer au vert- jaune et au vert, ensuite au violet et finalement au rouge. Selon la durée d’exposition au jour, on obtenait des coloris allant jusqu’au pourpre presque noir, la plus recherchée. Mais les multiples opérations, la main- d’oeuvre et le temps nécessaire donnaient un prix extrêment élevé.

La découverte des îles atlantiques au- delà de Gibraltar, où existaient des substances, que les chimistes de Tyr cherchaient depuis longtemps, a changé la technique de production : la rocella tictoria, lichen dont on extrait l’orseille et l’arbre dragon, dont la résine d’un rouge intense fournissait une teinture exceptionnelle. L’exemple le plus connu de la famille de cet arbre gigantesque, fut le « Géant d’Orotova », dans l’île de Ténérife, qui avait atteint, paraît- il, un âge de 6 000 ans à sa mort en 1868.

Des auteurs comme Homère et Ezéciel vantaient dans leurs oeuvres les talents des fabricants de pourpre et ceux des créateurs de tissus, ainsi que la qualité des étoffes vendues sur les marchés.

Après le déclin de la puissance minoenne, les Phéniciens devinrent les nouveaux maîtres de la navigation et du commerce maritime. Ils fondèrent de nombreux comptoirs et dominèrent la mer Intérieure de 1 100 à 800     av.J.- C. Le commerce phénitien contribua beaucoup à la diffusion du costume de l’Asie Mineure au golfe de Suez.

En 141 av.J.- C., Jundgi, l’empereur de Chine, meurt. Wudi, son fils, a quinze ans et hérite du titre de souverain de l’empire Han. Il conquit de nombreux royaumes, fit construire l’Académie impériale, créa un « Bureau de la musique » et ouvrit la « Route de la soie » vers l’Occident. Jusqu’à présent la Chine était le seul pays où l’on fabriquait la soie. Les commerçants étrangers ne savaient pas qu’elle était tirée du ver à soie, et disaient qu’elle « pousse sur les arbres ». Wudi impose une couleur à la cour : tous les vêtements officiels, qui étaient de couleur noire, seront remplacés par des vêtements jaunes.

Suréna, le général parthe, qui a connu la gloire et une mort tragique, naît en Iran vers 80 av.J.- C. C’est un homme élégant, qui soigne ses longs cheveux bouclés, farde son visage et souligne ses yeux de khôl. Suréna porte des vêtements de soie fine et se pare de bijoux.

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