Le Monde

La nourriture dans les monastères

D’origine grecque, Pachomius est né en 292, en Egypte. Devenu soldat dans l’armée romaine, il changea sa vie de militaire avec celle de moine. Entre 318 et 323, Pachomius fonda le premier monastère chrétien du Tabennisi, en Haute- Egypte. C’est pour cette raison, qu’on le considère comme le père de la vie monastique.

En ce moment, Shenouda créa le monastère Blanc copte, situé dans la même région.

Les premiers monastères coptes deviennent très vite des endroits, où on pouvait se retirer de la vie publique et trouver de la sérénité. Mais aussi des communautés autonomes et bien organisées, qui disposaient de leurs propres exploitations. Les premiers monastères possèdaient de grandes fermes avec des terres à cultiver, des potagers, des vergers, des jardins avec des herbes médicinales. Ainsi que du bétail pour le lait, le fromage et la laine et des poules pour les oeufs.

La nourriture de base dans un monastère était le pain. On construisait d’abord le bâtiment, et tout de suite après le four pour le pain. En Haute- Egypte, où on érigeait des monastères imposants, les fours à pain étaient aussi énormes. Le pain monastique était plat, fait de farine et d’eau. La différence principale entre la vie monastique et la vie en société était la consommation de la viande. Même si des bergers pouvaient travailler dans un monastère, l’usage de la viande était interdite pour les moines. Certains moines faisaient le pain, d’autres travaillaient dans les champs, d’autres encore fabriquaient des objets du quotidien, comme des tapis et des paniers.

Sur le même modèle d’organisation surgissent les premières communautés réligieuses en Palestine.

A la fin du IVe siècle, apparaît le pèlerinage : des chrétiens de l’Empire romain commençent à visiter les endroits liés à la vie du Sauveur pour lui rendre hommage. Une riche et jeune dame espagnole, partie en pèlerinage en 384 sur les Lieux Saints, a noté dans ses lettres, qu’à Bethléem et à Jerusalem il y a des groupes de moines, qui accueillent les pèlerins, les accompagnent et chantent des psaumes. Des fouilles archéologiques, menées en Palestine, ont confirmé ses mots : les monastères disposaient de chambres d’hôte, où chacun au besoin pouvait trouver un abri et de la nourriture.

Dans le désert syrien, où on menait une vie d’ascète, les monastères apparaîssent déjà au IVe siècle. Jusqu’à l’arrivée des Arabes, l’Egypte, la Palestine et la Syrie ont vecu l’apogée de la vie monastique.

Au cours des siècles suivants, le nombre de monastères dans l’Empire Bysantin et dans l’Occident ne cessait d’augmenter.

Saint Benoît de Nursie (v.480- v.547), le fondateur de l’Ordre bénédictin, pose les bases de la vie monastique en Occident. Dans son oeuvre « Regula Benedicti », La Règle de Benoît, daté de 540 et écrit pour le monastère italien Monte Cassino (le mont Cassin), Saint Benoît donne la « règle » à suivre dans un monastère : la prière, l’étude et le travail manuel doivent être les activités principales des moines. Une partie de son oeuvre, le saint la consacre à la pitance. Il donna la réglementation exacte, concernant la quantité de nourriture pour un moine. Selon lui, deux repas cuisinés par jour sont autorisés. Chaque moine reçoit une certaine quantité de pain et de vin. La viande est interdite, sauf pour les malades et les faibles.

Dans « La vie d’Hieronymus », un autre saint, Saint Jérôme, décrit la nourriture dont l’ermite recevait au monastère. Entre 20 et 23 ans, il mangeait des lentilles, trempées dans l’eau, mais pas cuites. Les  années suivantes, il consommait du pain, du sel et de l’eau. Entre 30 et 35 ans, il prenait 200 g du pain d’orge avec des légumes, cuits dans l’eau. Après, on continuait avec le même menu, en y ajoutant de l’huile d’olive aux légumes. A l’âge de 63 ans, quand l’estomac commençait à souffrir, on prenait un bouillon de plantes, qu’on buvait au coucher du soleil.

Peu à peu, les monastères en Europe s’enrichissent. Les moines vendaient des produits et des objets qu’ils fabriquaient. Une activité très lucrative se développa au Moyen Age : la vente des manuscrits, que des riches personnes et les nobles commandaient aux moines. Une autre grande source d’argent pour le monastère devient le don : des pauvres et des riches faisaient des offrandes, en échange, les moines récitaient leurs noms dans les prières.

Alors, avec toutes ces richesses, qu’un monastère accumulait, la façon de se nourrir changea aussi.  Plusieurs plats variés et riches accompagnaient le quotidien du clergé. Cet éloignement de la vie simple, que les premiers monastères cherchaient, provoqua la colère de nombreuses personnes. Comme celle de Saint Bernard, qui fonda l’Ordre cistercien et l’abbaye de Clairvaux en 1115. Sa colère était dirigée vers le plus grand et le plus riche monastère de l’époque : celui de Cluny, en France. Saint Bernard dénonce la vie somptueuse, que les habitants de Cluny mènent, oubliant la « Règle » de Saint Benoît. « L’âme ne se gave pas dans la poêle », écrit-il. Saint Bernard note, que pendant le repas, on sert des plats sans fin…et parce que la consommation de viande est interdite, on double celle de poisson. En plus, on utilise beaucoup d’épices, qui donnent aux aliments un meilleur goût, c’est qui stimule d’avantage l’appétit. Saint Bernard s’indigne aussi de la façon de préparation des oeufs : les cuisiniers monastiques les faisaient revenir à la poêle, les faisaient frire, bouillir, farcir, et combiner avec d’autres aliments !

Un écrivain anglais nous livre encore une intéressante histoire. Il décrit une pétition destinée au roi Henry II d’Angleterre, où des moines se plaignaient de fait, qu’on les oblige à réduire les trois plats, qu’ils consommaient au cour d’un repas…à un seul ! En tout, ils devraient renoncer à dix plats servis pendant la journée !

Le même écrivain mentionne une autre anecdote : dans l’abbaye de Canterbury, en Angleterre, on servait jusqu’à 16 plats délicieux à l’heure du dîner !

Dans les riches monastères de Byzance, on festoyait aussi. On raconte, qu’un mariage a été organisé dans le palais de l’Empereur Manuel Ier Comnène. Mais le jour de la fête tomba dans la semaine de Carême et les personnes chargées de la livraison des produits alimentaires n’avaient pas reussi à se procurer la quantité nécessaire. Alors, l’Empereur décida de les envoyer dans un monastère, où ils ont trouvé de tout : du beau pain blanc, des miches, des galettes, du vin, des fromages, du poisson, du caviar. Les livreurs ont du charger les produits sur plusieurs ânes, afin de pouvoir transporter le tout jusqu’au palais.

Les produits chers et les plats fastueux étaient reservés surtout pour le haut clergé. Les simples moines mangeaient du pain sec, noirci par les cendres du four, et buvaient de l’eau ou du vin de mauvaise qualité.

Avec le temps, deux repas par jour s’imposent dans les monastères, sauf en période de Jeûne. Un repas principal vers midi avec deux- trois plats et un repas léger le soir.

Aujourd’hui, beaucoup de monastères disposent de leur site Internet et/ou de leur point de vente afin de pouvoir mettre en avant les produits, qu’ils fabriquent eux-même : fromages et produits laitiers, boissons, gâteaux, thé, tisanes, produits cosmétiques…

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