Le Monde

Les premières images de Jésus

Le christianisme devient une religion libre à exercer au IVe siècle. De cette époque datent les premiers enterrements chrétiens. Malgré la conversion à cette religion, les croyants continuent à perpétuer la tradition païenne, qui consiste à peindre les tombes. Dans les premières tombes chrétiennes, ils existent de nombreuses traces de cette période mixte, car à ce moment-là l’Eglise n’a pas encore imposé des règles canoniques.

L’ancien Doura-Europos, colonie grecque sur les bords de l’Euphrate, a été fondé au IIIe s. av. J.-C. Sur le site, aujourd’hui en Syrie, on a mis à jour des monuments grecs, juifs et chrétiens. Dans ses ruines on a trouvé une image, considerée comme l’une des plus anciennes images peintes du Sauveteur, datée de 325. La fresque le montre comme un adolescent, qui guérit un homme paralysé à l’aide de son bâtonnet.

En 2012, dans la nécropole Sud de Philippopolis, aujourd’hui la ville de Plovdiv en Bulgarie, une tombe, datée du début du IVe siècle, a été découverte par les archéologues. Sur son mur nord et sur celui du sud on avait dessiné des scènes bibliques du cycle « Les Miracles de Jésus ». L’une des peintures montre Jésus en train de guérir un homme paralytique à l’aide de son bâtonnet et une autre- la résurrection de Lazare. C’est le plus ancien portrait du Sauveteur, trouvé dans les territoires bulgares actuels. Le Fils de Dieu est montré comme un adolescent avec des cheveux courts, sans barbe et sans auréole. Il est vêtu d’une tunique et d’un pallium, des vêtements portés par la haute société greco-romaine. Dans sa main gauche, Jésus tient un bâtonnet élancé, qu’il dirige vers le malade et Lazare et avec lequel il les touche, afin de pouvoir accomplir la guérison et la résurrection.

Les images montrant Jésus comme un jeune garçon sans auréole, qui tient un bâtonnet, disparaissent après le VIe siècle, quand les canons, concernant les représentations des saints, se forment. C’est l’Eglise, qui dicte les règles iconographiques et qui veille strictement sur la réalisation des images saintes.

Ainsi, le bâtonnet s’efface des reproductions chrétiennes après le VIe siècle. Dès ­à présent, il est vu comme un objet utilisé par un magicien, un sorcier ou un astrologue : des personnes, qui selon l’Eglise, possèdent des pouvoirs surnaturels et pratiquent la magie noire. Ces faits entrent en conflit avec les dogmes de l’Institution chrétienne, car seul les saints, canonisés par elle-même, peuvent accomplir des miracles uniquement avec l’aide de Dieu.

Le bâtonnet, que Jésus tenait au début dans sa main gauche, est remplacé ensuite par un livre. C’est la représentation du « Christ enseignant ».

Ainsi, l’adolescent sans barbe et sans auréole devient l’homme trentenaire aux cheveux longs. La tradition de porter la barbe remonte chez les Assyriens, les Egyptiens, les Juifs et les Perses, où elle incarnait la sagesse, la force et la virilité. L’Eglise reprend cette tradition et « donne » à Jésus la barbe, signe de sa sagesse et de sa force mentale.

L’auréole sur la tête apparaît à la fin du VIe siècle. Dans l’iconographie chrétienne, c’est le cercle, qui entoure la tête de Jésus-Christ, de la Vierge, des saints et des martyrs.

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